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Comment je me suis libérée de l’injonction à faire du sport
Comment je me suis libérée de l’injonction à faire du sport

Libérée, délivrée, notre rédactrice Salomé ne courra (peut-être) plus jamais.

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Depuis mon plus jeune âge, on me rabâche que le sport c’est la base pour se dépenser et se sentir bien avec soi-même. Je pense surtout que la raison principale de cette injonction est de rester ou devenir mince, bien conforme à ce que la société idéalise.

Le culte du corps a une telle importance que la santé n’est clairement plus la motivation principale à taper son meilleur footing sous la pluie. Ce qu’il faut, c’est se présenter au monde avec un corps conforme aux injonctions : musclé, avec des abdos saillants pour "lui" et au contraire mince pour "elle" (sans muscles trop apparents car, you know, ce n’est pas féminin).

Ainsi pousse-t-on les enfants à se trouver une activité sportive le plus tôt possible. Sous couvert de bienveillance, on m’assurait que c’était pour ma santé. La plupart des parents et médecins n’avaient que cette fameuse phrase à la bouche : "un enfant, ça doit se dépenser". Or, je n’étais pas cette enfant qui court et grimpe partout, j’étais plutôt celle qui aimait par-dessus tout habiller ses poupées, discuter avec ses copines ou lire en cachette le soir dans son lit.

Le principal souci de ma vie de petite fille était que je n’étais pas mince. J’étais cette petite fille à qui on disait "tu as un très joli visage" ou à qui on interdisait de prendre une chips de plus. Et malheureusement pour moi, mon entourage était composé en majorité de personnes pour qui sport rimait avec quotidien, et pas n’importe lequel, celui d’extérieur : randonnée, course à pied, vélo, ski…

Par chance, j’avais de grandes facilités en natation (accordons-nous sur un point : j’adorais l’eau et la sensation que cela me procurait) mais ce n’était pas non plus le centre de mes préoccupations. J’ai alors enchaîné les longueurs pour finalement me tourner vers la natation synchronisée qui a été une véritable passion pour moi (c’est du moins ce dont je me persuadais, pour me sentir normale).

Le passage obligé

Quand j'ai du apprendre à faire du vélo (j'insiste sur le mot “devoir” car le vélo, c’est le passage obligé pour être une personne normale dans la société), j’avais de grosses difficultés à trouver mon équilibre : j’avais très peur et je n’y trouvais pas d’intérêt. Tant bien que mal, j’ai finalement réussi à retirer les petites roulettes. Mais, il ne suffisait pas de savoir en faire, il fallait désormais se déplacer avec. J’ai donc rejeté en bloc le vélo une bonne partie de ma vie car je ne passais jamais de bons moments.

Ce qui m’a permis de me libérer de cette injonction, c’est de m’intéresser à la politique. En grandissant, j’ai compris que le vélo pouvait être un moyen de me défaire d’une autre injonction : celle d’avoir le permis de conduire. J’ai ainsi pris conscience que le vélo pouvait être avant tout un moyen de déplacement écologique, qui me permettait de rentrer à l’heure à laquelle je voulais la nuit, en évitant le métro et les rues seules le soir, lieux dans lesquels je me faisais régulièrement embêter par des hommes malveillants. Je ne voyais donc plus le vélo comme une contrainte pour se dépenser et mincir mais plutôt comme une prise de liberté et de pouvoir sur l’espace public.

Mon autre bête noire, c’était le ski. Passage obligé des vacances de février car une partie de ma famille vit à la montagne. J’étais parfois angoissée au point de me retrouver tétanisée en haut de certaines pistes. Je me souviens encore d’un moniteurs de ski (Roger je te retiens) qui m’avait appelée "bouboule" en descendant une piste. J’avais peut-être 8 ou 9 ans. À l’époque, on me présentait le ski comme étant essentiel pour, par exemple, partir en vacances avec mes ami.e.s lorsque je serai grande. Or, le temps a passé et j’ai découvert (oui oui) que seulement 1% de la population mondiale était allée skier au moins une fois. Conclusion ? Le ski est loin d’être une norme, il est même le témoin d’un privilège auquel peu de personnes ont accès : c’est extrêmement cher et peu accessible. J’ai donc décidé d’arrêter de me forcer en me disant que c’était vraiment un problème de riche que de galérer sur les pistes.

Enfin, il y avait tout le reste : les randonnées, toujours placer les activités sportives au centre des vacances, la course à pied (que je hais, n’ayons pas peur des mots)... pour tout ça, j’ai décidé de m’écouter, de ne plus laisser les autres décider de ce qui est bon ou non pour ma santé. Ayant fait deux ans de prépa littéraire, je n’avais plus le temps de placer le sport en priorité et je me suis rendue compte que les études, le travail et faire la fête étaient mes sports préférés.

La révélation

Je me suis néanmoins inscrite à la salle de sport et ça a été une révélation : non seulement je suis seule, mais je peux également y aller quand je veux, écouter ma musique, partager des moments avec des coachs bienveillant.e.s… et je ne culpabilise pas lorsque je n’y vais pas pendant un petit temps, je place mon bien-être avant tout. Et vous savez quoi ? Depuis que j’ai pris conscience de toutes ces petites choses, j’ai accepté mon corps comme il est, j’ai appris à l’aimer, à le chérir et résultat ? J’ai perdu 15 kilos, tout ça parce que je me sentais mieux avec moi-même.

Mais même si désormais je rentre dans la norme (et j’en ai conscience), tout n’est pas magique. Je passe toujours du temps à me scruter dans le miroir, à culpabiliser parfois lorsque je mange "trop", mais j’ai arrêté de me mettre la pression pour la course à la performance. Je n’ai pas effacé toutes ces choses de ma mémoire, les réflexions grossophobes que j’ai pu entendre ("bouboule", "pourquoi t’es grosse ?", "il faut qu’elle se dépense", "ne mange pas trop", "tu n’as pas besoin de te resservir", "tu ne peux pas porter ça, il faut être mince"...), mon point au dessus de la ligne de "poids normal" dans le carnet de santé, les tailles 16 ans que je portais à 10 ans… Mais, je me suis éloignée de ces personnes qui n’ont pas été tendres avec moi sur mon physique ou sur mon activité sportive. J’ai appris à dire non lorsque l’on me propose des randonnées, sans me sentir feignante.

La conclusion que je tire de ce long chemin , c'est qu’il ne faut jamais imposer à un.e enfant des activités auxquelles iel ne consent pas, qu’il ne faut jamais renier qui on est pour rentrer dans un moule. Il faut aussi comprendre que placer les études, la lecture, l’écriture, l’art, la mode, le bien-être, le maquillage au centre de sa vie ne fait pas de nous une personne superficielle ou flemmarde, ça fait juste de nous tout simplement nous-même.

Crédits : Pexels / Godisable Jacob / Kindel Media

Depuis mon plus jeune âge, on me rabâche que le sport c’est la base pour se dépenser et se sentir bien avec soi-même. Je pense surtout que la raison principale de cette injonction est de rester ou devenir mince, bien conforme à ce que la société idéalise.

Le culte du corps a une telle importance que la santé n’est clairement plus la motivation principale à taper son meilleur footing sous la pluie. Ce qu’il faut, c’est se présenter au monde avec un corps conforme aux injonctions : musclé, avec des abdos saillants pour "lui" et au contraire mince pour "elle" (sans muscles trop apparents car, you know, ce n’est pas féminin).

Ainsi pousse-t-on les enfants à se trouver une activité sportive le plus tôt possible. Sous couvert de bienveillance, on m’assurait que c’était pour ma santé. La plupart des parents et médecins n’avaient que cette fameuse phrase à la bouche : "un enfant, ça doit se dépenser". Or, je n’étais pas cette enfant qui court et grimpe partout, j’étais plutôt celle qui aimait par-dessus tout habiller ses poupées, discuter avec ses copines ou lire en cachette le soir dans son lit.

Le principal souci de ma vie de petite fille était que je n’étais pas mince. J’étais cette petite fille à qui on disait "tu as un très joli visage" ou à qui on interdisait de prendre une chips de plus. Et malheureusement pour moi, mon entourage était composé en majorité de personnes pour qui sport rimait avec quotidien, et pas n’importe lequel, celui d’extérieur : randonnée, course à pied, vélo, ski…

Par chance, j’avais de grandes facilités en natation (accordons-nous sur un point : j’adorais l’eau et la sensation que cela me procurait) mais ce n’était pas non plus le centre de mes préoccupations. J’ai alors enchaîné les longueurs pour finalement me tourner vers la natation synchronisée qui a été une véritable passion pour moi (c’est du moins ce dont je me persuadais, pour me sentir normale).

Le passage obligé

Quand j'ai du apprendre à faire du vélo (j'insiste sur le mot “devoir” car le vélo, c’est le passage obligé pour être une personne normale dans la société), j’avais de grosses difficultés à trouver mon équilibre : j’avais très peur et je n’y trouvais pas d’intérêt. Tant bien que mal, j’ai finalement réussi à retirer les petites roulettes. Mais, il ne suffisait pas de savoir en faire, il fallait désormais se déplacer avec. J’ai donc rejeté en bloc le vélo une bonne partie de ma vie car je ne passais jamais de bons moments.

Ce qui m’a permis de me libérer de cette injonction, c’est de m’intéresser à la politique. En grandissant, j’ai compris que le vélo pouvait être un moyen de me défaire d’une autre injonction : celle d’avoir le permis de conduire. J’ai ainsi pris conscience que le vélo pouvait être avant tout un moyen de déplacement écologique, qui me permettait de rentrer à l’heure à laquelle je voulais la nuit, en évitant le métro et les rues seules le soir, lieux dans lesquels je me faisais régulièrement embêter par des hommes malveillants. Je ne voyais donc plus le vélo comme une contrainte pour se dépenser et mincir mais plutôt comme une prise de liberté et de pouvoir sur l’espace public.

Mon autre bête noire, c’était le ski. Passage obligé des vacances de février car une partie de ma famille vit à la montagne. J’étais parfois angoissée au point de me retrouver tétanisée en haut de certaines pistes. Je me souviens encore d’un moniteurs de ski (Roger je te retiens) qui m’avait appelée "bouboule" en descendant une piste. J’avais peut-être 8 ou 9 ans. À l’époque, on me présentait le ski comme étant essentiel pour, par exemple, partir en vacances avec mes ami.e.s lorsque je serai grande. Or, le temps a passé et j’ai découvert (oui oui) que seulement 1% de la population mondiale était allée skier au moins une fois. Conclusion ? Le ski est loin d’être une norme, il est même le témoin d’un privilège auquel peu de personnes ont accès : c’est extrêmement cher et peu accessible. J’ai donc décidé d’arrêter de me forcer en me disant que c’était vraiment un problème de riche que de galérer sur les pistes.

Enfin, il y avait tout le reste : les randonnées, toujours placer les activités sportives au centre des vacances, la course à pied (que je hais, n’ayons pas peur des mots)... pour tout ça, j’ai décidé de m’écouter, de ne plus laisser les autres décider de ce qui est bon ou non pour ma santé. Ayant fait deux ans de prépa littéraire, je n’avais plus le temps de placer le sport en priorité et je me suis rendue compte que les études, le travail et faire la fête étaient mes sports préférés.

La révélation

Je me suis néanmoins inscrite à la salle de sport et ça a été une révélation : non seulement je suis seule, mais je peux également y aller quand je veux, écouter ma musique, partager des moments avec des coachs bienveillant.e.s… et je ne culpabilise pas lorsque je n’y vais pas pendant un petit temps, je place mon bien-être avant tout. Et vous savez quoi ? Depuis que j’ai pris conscience de toutes ces petites choses, j’ai accepté mon corps comme il est, j’ai appris à l’aimer, à le chérir et résultat ? J’ai perdu 15 kilos, tout ça parce que je me sentais mieux avec moi-même.

Mais même si désormais je rentre dans la norme (et j’en ai conscience), tout n’est pas magique. Je passe toujours du temps à me scruter dans le miroir, à culpabiliser parfois lorsque je mange "trop", mais j’ai arrêté de me mettre la pression pour la course à la performance. Je n’ai pas effacé toutes ces choses de ma mémoire, les réflexions grossophobes que j’ai pu entendre ("bouboule", "pourquoi t’es grosse ?", "il faut qu’elle se dépense", "ne mange pas trop", "tu n’as pas besoin de te resservir", "tu ne peux pas porter ça, il faut être mince"...), mon point au dessus de la ligne de "poids normal" dans le carnet de santé, les tailles 16 ans que je portais à 10 ans… Mais, je me suis éloignée de ces personnes qui n’ont pas été tendres avec moi sur mon physique ou sur mon activité sportive. J’ai appris à dire non lorsque l’on me propose des randonnées, sans me sentir feignante.

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